lundi 16 avril 2007

Brassens, Ferré, Brel. Le 6 janvier 1969.








Le 6 janvier 1969, la station de radio RTL et le magazine "Rock et Folk" réunissent pour un entretien exceptionnel autour d'une table, trois artistes majeurs de la chanson française, Léo Ferré, Georges Brassens et Jacques Brel.


Histoire d'une rencontre historique.

mardi 3 avril 2007

Cet amour.

Jacques Prévert.


Cet amour
Si violent
Si fragile
Si tendre
Si désespéré


Cet amour
Beau comme le jour
Et mauvais comme le temps
Quand le temps est mauvais
Cet amour si vrai
Cet amour si beau
Si heureux

Si joyeux
Et si dérisoire
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
Et si sûr de lui
Comme un homme tranquille au milieu de la nuit
Cet amour qui faisait peur aux autres
Qui les faisait parler
Qui les faisait blêmir
Cet amour guetté
Parce que nous le guettions
Traqué blessé piétiné achevé nié oublié

Parce que nous l’avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié

Cet amour tout entier
Si vivant encore
Et tout ensoleillé
C’est le tien
C’est le mien
Celui qui a été
Cette chose toujours nouvelle
Et qui n’a pas changé

Aussi vrai qu’une plante
Aussi tremblante qu’un oiseau
Aussi chaude aussi vivant que l’été
Nous pouvons tous les deux
Aller et revenir
Nous pouvons oublier
Et puis nous rendormir
Nous réveiller souffrir vieillir
Nous endormir encore
Rêver à la mort,
Nous éveiller sourire et rire
Et rajeunir

Notre amour reste là
Têtu comme une bourrique
Vivant comme le désir
Cruel comme la mémoire
Bête comme les regrets
Tendre comme le souvenir
Froid comme le marbre
Beau comme le jour
Fragile comme un enfant

Il nous regarde en souriant
Et il nous parle sans rien dire
Et moi je l’écoute en tremblant
Et je crie
Je crie pour toi
Je crie pour moi
Je te supplie
Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s’aiment
Et qui se sont aimés
Oui je lui crie
Pour toi pour moi et pour tous les autres
Que je ne connais pas
Reste là
Là où tu es
Là où tu étais autrefois
Reste là
Ne bouge pas
Ne t’en va pas

Nous qui sommes aimés
Nous t’avons oublié

Toi ne nous oublie pas
Nous n’avions que toi sur la terre

Ne nous laisse pas devenir froids

Beaucoup plus loin toujours
Et n’importe où

Donne-nous signe de vie
Beaucoup plus tard au coin d’un bois

Dans la forêt de la mémoire
Surgis soudain
Tends-nous la main
Et sauve-nous.


Cet amour Paroles) de Jacques Prévert, dit par Serge Reggiani.